François Trinh-Duc, rugbyman au cœur bio
Le 31/10/2017
Sur le terrain comme dans la vie, il joue la carte de la sagesse. Le secret de sa réussite peut-être ?
© Arnaud Tracol - Marie Bastille
Homme de valeurs, soucieux des autres et bon vivant à ses heures, François Trinh-Duc est un sportif bien dans sa tête et dans son corps. Sur le terrain comme dans la vie, il joue la carte de la sagesse. Le secret de sa réussite peut-être ?
Quelle place l’alimentation a-t-elle dans votre vie de sportif ?
Elle occupe une place importante dans mon quotidien, comme dans celui de tout sportif. Mon corps est mon outil de travail, j’en suis responsable. Et bien s’alimenter fait partie des règles à suivre pour se maintenir en bonne forme physique. Depuis bientôt 12 ans que je suis rugbyman professionnel, j’ai appris à connaître mon corps, à anticiper ses besoins et à en prendre soin, grâce notamment aux conseils avisés de médecins, diététiciens, nutritionnistes, etc. Pour être au top, je me dois de conserver un poids de forme, ce qui suppose de trouver le juste équilibre entre masse grasse et musculature. Les conditions minimales pour me protéger des blessures ! Mais en fait, bien manger a toujours fait partie de mon éducation.
Qui vous a sensibilisé au « bien manger » ?
Tout petit, j’ai appris à travailler la terre avec mon grand-père et j’ai grandi en mangeant les fruits et légumes de son potager. Le jardinage est une activité que j’affectionne particulièrement et que je pratique aujourd’hui avec mes deux enfants. La transmission des valeurs, c’est important ! En tant que père de famille, je fais attention plus que jamais à la provenance des aliments et à leur fraîcheur. Je veux savoir d’où viennent les produits que je consomme. Amateur de produits locaux, je fais mes courses auprès de petits producteurs et agriculteurs de ma région. Face aux dérives de la consommation de masse, je suis même devenu un consommateur bio.
Quelles valeurs vous a enseignées le rugby ?
C’est à l’école de rugby du Pic Saint-Loup (34) – là où j’ai attrapé le virus du ballon ovale, où j’ai fait mes premières passes – que j’ai tout appris. Car, avant d’être un centre, un club de sport, c’était une école de la vie. J’y ai appris le respect, des autres mais aussi de la nature, la solidarité et la vie en communauté. Sans oublier la détermination et l’assiduité. Des principes essentiels pour se forger un caractère fort et faire face aux aléas de la vie.
La valeur qui vous définit le plus ?
La vie en communauté, le « vivre ensemble ». La solitude, très peu pour moi ! J’ai toujours vécu entouré de mes proches. Dans mon enceinte professionnelle aussi, il s’agit d’une valeur primordiale pour être performant.
Rattrapé par la médiatisation, le rugby ne risque-t-il pas de perdre de son âme ?
Si le rugby a gagné en popularité, il conserve à mes yeux une image forte de sport authentique, synonyme de valeurs. À mille lieues du sport spectacle. Le danger, ce n’est pas tant les médias mais la surmédiatisation et l’argent qui causent bien souvent l’effritement des valeurs. D’où l’importance d’éduquer les joueurs au collectif dès leur plus jeune âge.
Bien manger, transmettre ses valeurs… Et le plaisir dans tout ça ?
Il est omniprésent dans ma vie. À commencer par mon métier justement ! J’éprouve un vrai plaisir à jouer au rugby. Épicurien dans l’âme, j’apprécie aussi la bonne cuisine bien que je sois plus à l’aise sur un terrain que derrière les fourneaux. Après une semaine d’entraînement, j’aime à me retrouver en famille ou entre amis pour décompresser et partager de bons repas. Viande, poisson, plats épicés ou italiens…, je suis ouvert à tout type de cuisine.
Avez-vous des conseils en nutrition, des remèdes naturels à nous confier ?
Pour récupérer après un effort intense, je me nourris de barres énergétiques, de fruits secs et, même, je consomme chaque matin une boisson à base de jus de baobab aux vertus détoxifiantes et énergisantes ! En cas de blessure, je prends des vitamines, j’utilise les bienfaits cicatrisants et antidouleur de l’argile verte pour soigner mes déchirures musculaires, et ceux de la prêle, une plante réputée pour ses propriétés reminéralisantes, pour me remettre plus vite de mes fractures.
Début 2017, vous avez dénoncé le racisme antiasiatique dans une campagne. D’autres causes vous mobilisent ?
C’est en hommage à mes origines vietnamiennes et en tant que soutien aux victimes de racisme que j’ai souhaité participer à cette campagne. Toutefois, toutes les causes qui me touchent de près ou de loin sont bonnes à soutenir. C’est pourquoi, j’ai accepté d’être parrain de plusieurs associations humanitaires telles que Médecins sans frontières et Pour un sourire d’enfant en mettant ma notoriété à leur service. Ces engagements font écho à mon enfance, une période rythmée par les voyages humanitaires de mon père, et me rappellent d’où je viens.
Ce besoin de vous raccrocher à vos racines vous aide-t-il à avancer ?
J’ai beaucoup de projets, de passions en dehors du rugby. Cela va de la dégustation de vins aux voyages, en passant par le golf. Bien que ma carrière de sportif soit encore loin d’être finie, je commence à préparer l’avenir. Et ça tombe bien, je n’ai pas envie de me retrouver en retraite à 35 ans. Mes secteurs de prédilection ? Le commerce et l’événementiel. De nombreux challenges m’attendent encore, j’en suis convaincu…
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Bio express
Professionnel du ballon ovale, le montpelliérain François Trinh-Duc officie comme demi d’ouverture depuis 2016 au RC Toulon et fait partie du XV de France, avec pas moins de 60 sélections au compteur. Formé au Centre national de rugby de Linas-Marcoussis (91), il rejoint en 2005 le club Montpellier Hérault rugby où il évolue pendant plus de 10 ans. Joueur qualifié « de grand talent », il participe à huit Tournois des Six Nations et obtient plusieurs distinctions : le Talent d’or, l’Oscar du Midi Olympique. Sportif mais pas que, François Trinh-Duc est titulaire d’une licence en management du sport et poursuit actuellement un master 2 dans la même spécialité, « pour préparer l’avenir », dit-il.